Marrakech : Coup d'envoi de la 8è édition de la Conférence annuelle "Atlantic Dialogues"
‘‘Le monde est dans la tourmente’’ est la thématique centrale de cette 8ème édition d’Atlantic Dialogues dont les travaux ont été lancés jeudi 12 décembre à Marrakech.
Pour commencer donc, des experts venus de différents pays du Globe, soit plus de 300 personnalités, sont unanimes à dire que le monde, et pour un océan de raisons, n’est pas à l’aise. La cérémonie d’ouverture de cette édition a été d’ailleurs consacrée à cette problématique.
Anabel Gonzalez, ancienne ministre du Commerce Extérieur du Costa Rica, se veut plutôt inquiète de la spirale des litiges entre les États qui a fini par prendre l’allure d’une vraie guerre commerciale.
Selon elle, l’absence de mécanismes efficaces de résolution de litiges complique davantage la situation et met le commerce international face à de grands défis.
Et de préciser qu’en 2020, une conférence internationale est prévue pour en trouver les solutions adéquates. Mais pour Mme Gonzalez, il faudra surtout attendre les résultats des présidentielles américaines prévues aussi pour novembre 2020 !
Originaire de l’île de Sainte Lucie, Len Ishmael est une experte au sein du Policy Center For The New South.
D’après elle, il est important de prendre en considération le fait que le monde vit au rythme d’un vrai mécontentement populaire quasi-général contre le statu quo, contre une Amérique qui se prend pour le super flic du monde, une Russie qui se veut une superpuissance dans son pré carré régional et une Europe perdue dans son égoïsme nombriliste
Pendant ce temps, ajoute-t-elle, la Chine perce, gagne du terrain, mais surtout se serre du capitalisme pour se positionner en super puissance commerciale mondiale.
L’ancienne Premier ministre du Sénégal, Aminata Touré, elle, préfère temporiser : ‘‘La solidarité peut nous aider à dépasser les frictions économiques mondiales’’, notant que les jeunes en Afrique, soit plus 70% de la population du Continent qui ont moins de 35 ans, n’ont plus besoin de slogans : ‘‘Il est très important de leur donner de l’espoir, avec des actions concrètes pour leur éviter le chaos et le désordre dans l’avenir’’.
Toutefois, une chose est certaine : L’Afrique ne doit pas sous-traiter sa sécurité à l’extérieur car c’est à elle de s’assurer sa propre défense et sa propre lutte contre le terrorisme.
En marge de la cérémonie d’ouverture des travaux de cette 8ème édition, il a été procédé à la présentation du rapport annuel Atlantic Currents qui reste la publication phare du think tank marocain Policy Center for the New South.
Bouchra Rahmouni, Directrice de la Recherche, des Partenariats et des Évènements du Policy Center explique que « Les éditions précédentes ont expliqué comment cette région peu étudiée se trouve divisée entre une zone tourmentée au Nord et un territoire marqué par une vulnérabilité économique, politique et sociale, au Sud.
Promouvoir le dialogue et une meilleure compréhension sont des éléments majeurs pour mieux aider les pays de l’Atlantique à surmonter ces divisions et ces points de rupture et à marcher ensemble sur la voie du développement durable ».
Les 9 chapitres du rapport traitent des grandes questions, en allant du plus global au plus local.
Il aborde « le monde post-Américain », les « chances de survie » de l’actuel système commercial régulé par l’OMC, ou encore « l’avenir de l’UE », avant d’aborder les questions sud-atlantiques, telles que « L’expansion des groupes armés au Sahel et les signaux d’alerte pour le littoral ouest-africain » et « la Chine et l’Afrique en temps de tourmente », entre autres.
Des experts et des chercheurs associés du Policy Center venant des Caraïbes, du Costa Rica, du Maroc, du Brésil et de la France ont traité des questions d’ordre économique, diplomatique et culturel.
Dans la seconde partie du rapport, Rida Lyammouri (Maroc) examine l’expansion des groupes extrémistes armés dans le Sahel, en se concentrant sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest.
Pour sa part, Marcus Vinicius de Freitas (Brésil) apporte des éclairages sur la Chine et l’Afrique : « Une forte tentation à traiter la Chine comme le Japon ou l’Union soviétique du passé a émergé, écrit-il.
Pourtant, les deux prescriptions sont fausses (…) Bien que certains souhaiteraient voir une nouvelle Guerre froide, ce scénario ne correspond pas à la perspective chinoise ni à ses intérêts au long terme, car cela déstabiliserait un équilibre vital des pouvoirs dans le propre voisinage de la Chine….
H.Z