La polémique s’amplifie. L’affaire du public-privé en médecine continue de faire couler beaucoup d’encre.
En grève depuis plus de deux mois déjà, les étudiants en médecine du public s’opposent, entre autres, à l’accès des étudiants du privé au concours d’internat et de résidanat au sein des CHU du Royaume. Un appel au boycott des examens a été lancé entretemps. C’est dire à quel point les choses ont fini par prendre une tournure assez inquiétante.
Catégoriques, les étudiants en médecine du privé, quant à eux, ne sont pas prêts à céder. « C’est une question de principe, car on ne peut pas disqualifier ou discriminer un étudiant marocain de son droit à un concours national de recrutement dans la fonction publique », nous dit un membre du Bureau de l’Association des Parents des Etudiants en Médecine-Université Mohammed VI des Sciences de la Santé. Et de souligner avec force qu’il est aujourd’hui important de mettre les points sur les ‘‘i’’ et faire la part des choses.
Notre interlocuteur préfère commencer par planter le décor. Pour lui, il est donc important de souligner dans un premier lieu que, pour ce qui est de la structure, l’université Mohammed VI des Sciences de la Santé a le statut d’une fondation à but non lucratif. Et comme toute fondation pareille, elle n’a pas le droit de dégager de bénéfices. L’UM6SS est une initiative de la Fondation Cheikh Khalifa Ibn Zaid créée par Dahir n°1-07-103 du 24 juillet 2007 portant promulgation de la loi n°12-07 et publié au BO n°5548 du 2 août 2007. Conformément à ce Dahir, l’UM6SS jouit du statut d’université partenaire de l’Etat, délivre des diplômes nationaux reconnus par l’Etat et bénéficie notamment du système d’encadrement et de formation de l’écosystème hospitalier national. Son président est nommé par Dahir. Excepté sa gestion autonome, le reste appartient à l’Etat.
‘‘L’UM6SS a eu, en outre, la confiance de plusieurs étudiants de pays africains frères. De même, elle accorde des bourses aux étudiants méritants ou qui sont dans le besoin. Les boursiers représentent environ 20% du total de la population des étudiants qu’elle accueille’’, nous dit-on. Pour ce qui est de l’accès à l’internat et au résidanat, notre interlocuteur tient à préciser que cet accès se fait sur la base d’un concours national qui se distingue d’un examen : ‘‘Dans le cas échéant, il s’agit bel et bien d’un concours que l’on ne peut pas interdire du jour au lendemain à des étudiants inscrits aux études de médecine et ayant validé l’ensemble des modules, stages et travaux pratiques correspondant aux années suivantes : les cinq premières années d’études médicales pour l’internat de médecine, les quatre premières années de médecine dentaire pour l’internat de médecine dentaire…’’.
Pour notre interlocuteur, les choses ne prêtent donc à aucune confusion ou autre amalgame. D’ailleurs, on ne compte pas arrêter la mobilisation contre toute tentative de discrimination, dit-on auprès de l’APEM-UM6SS, apparemment déterminée à ‘‘faire face à toutes les fausses allégations et autres informations erronées véhiculées par un mouvement d’étudiants qui a muté en un combat politicien et laissé de côté les véritables réclamations pédagogiques des étudiants’’.
En attendant, l’Etat, lui, campe sur sa position et préfère temporiser sans pour autant revenir sur quoique ce soit. Le bras de fer risque de durer, semble-t-il, et qui finira par céder en faveur ou au détriment de qui ? Telle est la grande interrogation.
H.Z