Pour se rendre compte de l’importance de l’OPV de Maroc Telecom, il suffit de noter que les 2% représentant la part réservée au public, a une valeur plus de deux fois supérieur à la valeur totale de l’IPO de Marsa Maroc. C’est, et de loin, la plus importante opération pour la bourse de Casablanca depuis l’entrée en bourse de Maroc Telecom en 2004. Pour en présenter les détails, la presse a été rassemblée à la Bourse de Casablanca dans la matinée du mercredi 19 juin. On aurait aimé avoir une déclaration de M. Benchaaboun, ministre de l’Economie et des Finances, et M. Ahizoune, Président du Directoire de Maroc Telecom, mais ni l’un ni l’autre n’étaient présents.
Avant toute chose, il faut comprendre que la forme de cette OPV n’a pas été choisie à la légère. Le gouvernement aurait tout simplement pu vendre ses 8% à Etisalat, l’actionnaire majoritaire, mais, comme l’a annoncé M. Abderrahmane Semmar, Directeur du Département des Entreprises publiques et des privatisations au MEF, l’opération a pour but de « contribuer au développent et à la pérennisation de l’entreprise, renforcer la participation des salariés, optimiser la participation de l’Etat », ainsi qu’apporter une vague de liquidités à la BVC, qui en a bien besoin.
Attijari Finance Corp et Upline Finance, qui ont accompagné l’OPV, estiment que sur les trois dernières années, le court de l’action de l’opérateur est resté stable, ce qui « marque la résilience et la solidité du titre MT face au reste du marché ». La méthode retenue pour déterminer le prix de vente est celle de la moyenne du cours boursier, parce que l’action MT est « déjà cotée, liquide, donc valorisée par le marché ».
En prenant en considération un dividende, les analystes ont déterminé un CMP de 138 dh, décoté à cause du volume important de cette opération.
Dans le détail, les 2% sont divisés en quatre tranches. La première, réservée aux employés de MT, concernent environ trois millions d’actions, valorisées à 117,7 dh, soit 16,7% de l’opération. La deuxième tranche, réservée aux personnes physiques et morales, concerne 5,8 millions d’actions (33,3% de l’opération) valorisées à 125,3 dh, avec un plafond de 10% du nombre global de titres (soit 1,75 million). La troisième tranche, réservée aux OPCVM, concerne 4 millions d’actions à 125,3 dh. Enfin, la quatrième tranche est réservée aux investisseurs qualifiés, et concerne 4,7 millions d’actions (avec un plafond de 10% du total), à 125,3 dh également.
L’ouverture de la période de souscription se fera le 26 juin, et elle prendra fin le 2 juillet en cas de clôture anticipée, ou bien le 5.
Karim Hajji, DG de la BVC, n’a pas caché sa joie d’assister à une OPV de cette ampleur : « C’est une opération majeure pour la BVC, de nature à redynamiser la place casablancaise […] Elle va certainement contribuer à redonner à la place de Casablanca le rôle qui lui revient au niveau du marché des capitaux en Afrique, et nous remettre sur les radars des investisseurs internationaux ». En effet, la BVC est 2ème en Afrique pour ce qui est de la capitalisation totale, mais elle est très en retard au niveau des liquidités.
L’opération est accompagnée par un plan de communication multisupport, avec un grand volet digital, au détriment de la télé et de la radio.
Enfin, répondant à l’appel du Wali de Bank Al-Maghrib, M. Semmar a annoncé qu’il « faut une évaluation de l’impact de la privatisation ». « Nous avons créé la structure d’évaluation, nous allons commencer à sortir ses rapports dans la loi de finances 2020 », a-t-il promis.
Selim Benabdelkhalek