La flexibilisation du dirham, qui avait été au centre de toutes les discussions (et les craintes) dans les mois, voire les années, qui ont précédé sa mise en route en janvier 2018, vient de fêter sa première année. Pour faire le bilan de cette année capitale pour la politique monétaire du Maroc, la Chambre de commerce Britannique au Maroc a organisé jeudi 14 mars 2019, au Sofitel Tour Blanche Casablanca, une conférence débat sous le thème : « Flexibilité du dirham et réglementation des changes, quel premier bilan ?».
La BritCham a réuni pour l’occasion un panel de sommités du secteur de la finance, dont la majorité a été au centre de ce changement dans la réglementation des changes. Ainsi étaient présents, entre autres, M. Hassan Boulaknadal, directeur de l’Office des changes, M. Mounir Razki, directeur des opérations monétaires et de change à Bank Al-Maghrib, ou encore M. Jilali Kenzi, Adjoint au Directeur du Trésor chargé du pôle macro-économie au sein du Ministère de l’Economie et des Finances.
Et de l’avis de tous les intervenants, cette première année de flexibilité du dirham a été une réussite. La monnaie nationale s’est appréciée face aux devises étrangères. Les inquiétudes des opérateurs ont été dissipées et même dépassées. Non seulement le dirham s’est apprécié, mais depuis mars dernier, « la banque centrale n’a pas servi de devises aux banques pendant les séances d’adjudication », a assuré M. Razki. Il a également rappelé que dorénavant, le cours de référence est la médiane des cotes bancaires, et qu’ainsi, BAM n’injectera ou ne retirera de liquidités que lorsque ce cours se rapproche des limites de la bande de fluctuation du dirham, ce que la Banque centrale n’a pas eu à faire.
Ainsi, les banques sont devenues de plus en plus autonomes. « Le marché des changes a gagné en compétitivité », a souligné Mme Firdaous Tahiri, Directrice en charge du Pôle Marchés des Capitaux de Crédit Agricole du Maroc. La banque prépare déjà un processus de certification de ses analystes pour les prochaines étapes de la flexibilité du dirham, a-t-elle ajouté.
M. Boulaknadal s’est aussi félicité de cette première année d’exécution de la flexibilité du dirham. Une réussite qui témoigne de « la résilience de l’économie marocaine ». Il a également expliqué qu’en 2019, l’Office met en place une nouvelle instruction générale des changes, avec un triple objectif. Le premier est la promotion des importations, avec des mesures comme le relèvement du délai de rapatriement du produit des exportations de services à 90 jours, ou encore la possibilité d’ouverture de comptes à l’étranger pour les exportateurs de services titulaires de marchés à l’étranger dans le cadre d’appels d’offres. Le second est la facilitation des échanges, à travers par exemple l’harmonisation des plafonds de règlements par anticipation des importations de biens à 200 000 dhs. Le troisième objectif est de répondre aux besoins des usagers, avec le relèvement de la dotation touristique (supplément de 10% de l’IR). Globalement, le but est d’apporter plus de flexibilité aux opérateurs économiques pour mener des opérations à l’international.
Pour M. Jilali Kenzi, Adjoint au Directeur du Trésor chargé du pôle macro-économie au sein du Ministère de l’Economie et des Finances, le Maroc a franchi une étape. « La flexibilité du dirham et la diversification de l’économie vont de pair ». Si aucune date n’est encore annoncée sur le passage à la deuxième étape du processus de flexibilité de la monnaie nationale, le nouveau modèle de développement sera étroitement lié à cette réforme majeure.
Selim Benabdelkhalek