Du 7 au 17 février, l’Espagne sera le Pays Invité d’Honneur à la vingt-cinquième édition du Salon International de l’Édition et du Livre (SIEL) de Casablanca, une occasion pour promouvoir la connaissance et la présence de la littérature espagnole au Maroc et pour renforcer les liens et le dialogue culturel entre nos deux pays, annonce un communiqué des organisateurs.
Le voyage des langues
Suite à cette invitation, le Ministère espagnol de la Culture et du Sport (Ministerio de Cultura y Deporte), via la Direction Générale du Livre et de l’Encouragement à la Lecture et à l’Action Culturelle Espagnole (Dirección General del Libro y el Fomento de la Lectura y de Acción Cultural Española), ainsi que le Ministère espagnol des Affaires Étrangères, de l’Union Européenne et de la Coopération (Ministerio de Asuntos Exteriores, Unión Europea y Cooperación), via l’Instituto Cervantes et l’Ambassade d’Espagne au Maroc, ont organisé un vaste programme d’activités sous la devise « Le voyage des langues » portant sur la littérature espagnole actuelle et, également, sur les liens étroits, passés et actuels, qui relient les deux pays et leurs cultures.
Hommages à Juan Goytisolo et à José-Miguel Ullán
Il est prévu dans ce programme de rendre hommage à Juan Goytisolo et à José-Miguel Ullán. Le mardi 12 février, lors de la conférence intitulée « Reivindicando al conde don Julián. Homenaje a Juan Goytisolo » (Revendiquons le Comte Don Julián. Hommage à Juan Goytisolo) , Frederic Amat, José Luis Gómez etAline Schulman parleront de ce grand écrivain, Prix Cervantès 2014, qui avait choisi le Maroc et sa culture pour s’y établir. Puis, le mercredi 13, une lecture sera faite à la mémoire de José-Miguel Ullán, celle de son poème intitulé « Rumor de Tánger » (Brouhaha de Tanger).
L’arabe et les langues espagnoles, traductions d’aller-retour
Ceci dit, le programme montrera notamment le rôle essentiel joué par les traducteurs tout au long de l’Histoire dans ce périple des langues. Plusieurs activités ont été programmées dans ce sens.
D’une part, des rencontres auront lieu entre deux grands poètes, l’un espagnol et l’autre marocain, et leurs traducteurs. Antonio Gamoneda s’entretiendra le mardi après-midi, 12 février, avec Khalid Raissouni, le traducteur en arabe de son œuvre. Quant à Mohammed Bennis, il s’entretiendra le mercredi, 13 février, avec Luis Miguel Cañada, le traducteur en espagnol de son œuvre. Au cours de ces deux entretiens, leurs poèmes seront lus dans les deux langues. Une autre rencontre se tiendra, intitulée « Invisible tarea de titanes » (Travail invisible de géants), le dimanche 10 février, entre Salvador Peña et Margarida Castells, qui débattront de la traduction de l’arabe en castillan et en catalan de l’un des chefs d’œuvre de la littérature universelle, les Mille et une nuits. Puis il se tiendra une table ronde, « La traducción: el viaje de las lenguas » (La traduction, le voyage des langues), le lundi 11 février, au cours de laquelle María Luz Comendador et Margarida Castells, traductrices de l’arabe en castillan et de l’arabe en catalan respectivement, nous feront part de leur expérience en tant que créatrices et de point d’union indispensable pour l’incorporation de nouvelles œuvres littéraires à la littérature d’un pays.
Par ailleurs, l’Instituto Cervantes de Marrakech participera au programme: sa directrice, Yolanda Soler Onís, et Hassan Boutaka, professeur et traducteur, présenteront la traduction en arabe réalisée récemment sous l’égide de cette institution culturelle espagnole de l’œuvre de la philosophe María Zambrano, lors de la conférence intitulée « Más allá de la palabra » (Au-delà des mots).
Le Maroc et l’Espagne renforcent leurs liens à travers la littérature
Le programme vise également à ménager une place importante aux auteurs marocains proches, du point de vue littéraire, de l’Espagne. C’est ainsi que deux tables rondes sont prévues, sous le titre de « El español, más al sur » (L’espagnol, plus méridional), qui rassembleront des auteurs marocains qui écrivent en espagnol : Nassrin Ibn Larbi, Ahmed M. Mgara, Aziz Tazi, Sahida Hamido, Hossain Bouzineb et Farid Othman Bentria-Ramos. Le 8 et le 9 février, ces auteurs décriront, au cours de ces deux tables, l’état actuel de la création littéraire marocaine dans une langue qu’ils ont fait leur, ainsi que l’importance et la reconnaissance des liens entre les deux langues et entre les deux cultures.
Par ailleurs, il sera abordé l’expression poétique en arabe au Maroc, au cours de la rencontre intitulée « La poesía en la lengua que se habla: vigor del zéjel » (La poésie dans la langue parlée : la force du zadjal), qui aura lieu le lundi 11 février, dans l’après-midi. Plusieurs poètes marocains—Ahmed Lemsyeh, Mourad Kadiri et Adil Latefi— présenteront leur œuvre autour d’une table ronde menée par Francisco Moscoso, leur traducteur en espagnol. Puis, le samedi 16 février, l’entretien « Marruecos al corazón » (Le Maroc au cœur) rassemblera plusieurs auteurs espagnols dont l’œuvre se rapporte, d’une façon ou d’une autre, au Maroc. Julio Prieto et Salvador López Becerra parleront de leur œuvre et de l’empreinte marocaine dans leur création littéraire.
En outre, plusieurs tables rondes présenteront un panorama actuel de la littérature espagnole dans ses différents genres. Y seront présents des auteurs de renom et ayant publié récemment. Parmi les auteurs de récits, Andrés Ibáñez, Sara Mesa, Andrés Barba et Najat El Hachmi se réuniront autour de deux tables rondes, au cours vendredi 15 février après-midi. Parmi les essayistes, Anna Caballé et Javier Valenzuela présenteront leur œuvre, le samedi 9 février, et l’état actuel de l’essai en tant que genre littéraire. L’accent sera mis également sur les textes dramatiques, un genre très important. C’est ainsi que l’auteur de théâtre Antonia Bueno sera au rendez-vous le jeudi 14 février pour s’entretenir avec le public. Est prévue également la présence de Federico Corriente, grand arabiste, professeur, essayiste et membre de l’Académie de la Langue Espagnole, lequel prononcera une conférence le jeudi 14 février après-midi sur la relation culturelle et linguistique entre nos deux pays, qu’il connaît si bien.
Côté artistique, le pavillon d’Espagne du SIEL accueillera deux expositions en rapport avec les sujets abordés dans le programme : l’exposition photographique « Campos de Níjar » (Champs de Nijar), un parcours de l’Espagne des années 50, un retour à l’Almería de Juan Goytisolo guidé par Vicente Aranda; et l’exposition en images des « Manuscritos andalusíes en las bibliotecas españolas » (Manuscrits arabo-andalous dans les bibliothèques espagnoles) , mémoire incontournable de l’une des composantes fondamentales de l’identité espagnole, une composante que l’on retrouve également dans la mémoire et l’identité du Maghreb. Ces deux expositions seront inaugurées le 7 février, dans l’après-midi.
Ce programme littéraire se verra enrichi par un apport essentiel de l’Instituto Cervantes de Casablanca, lequel organise un éventail large et complet d’activités pour les enfants axées sur les contes et le récit oral. Elles se dérouleront le matin dans le pavillon d’Espagne. Des séances matinales émaillées de récits et de contes, visant à encourager les enfants à lire et à pratiquer l’espagnol, menées par des auteurs et des spécialistes de récits pour les enfants et pour les jeunes, à savoir Alejandra Hurtado, Amanda Robledo, Paula Acuña et Rafa Ordóñez.
L’Instituto Cervantes de Casablanca, dans une démarche multidisciplinaire et artistique de rapprochement des deux cultures, a programmé également deux concerts de la chanteuse de flamenco sévillane Laura Vital, accompagnée par le guitariste sévillan Eduardo Rebollar et par le violoniste tangérois Jamal Ouassini, et une exposition « Desde la intimidad » (Depuis l’intimité), rassemblant plus de cent œuvres provenant de la Collection ENAIRE d’Art Contemporain. Cette exposition, que l’on pourra admirer dans la Villa des Arts, propose au visiteur de découvrir l’art espagnol du vingtième et vingt-et-unième siècles à travers les œuvres des artistes suivants : Joan Miró, Eduardo Arroyo, Antoni Tapiès, Eduardo Chillida ou Luis Gordillo, des œuvres sélectionnés par la conservatrice de la Collection, Ángeles Imaña.
Enfin, l’Ostelea School of Hospitality & Tourism, laquelle a ouvert récemment un établissement à Casablanca, nous propose une conférence de Wissal El Gharbaoui sur le tourisme en tant que facteur-clé dans le dialogue entre les cultures et dans l’approfondissement de la connaissance mutuelle des peuples.
La Federación del Gremio de Editores de España (Fédération Espagnole des Éditeurs ou encore FGEE) sera au rendez-vous dans le pavillon afin de renforcer les échanges commerciaux et de mieux connaître ses confrères marocains dans un secteur à ce point important.
C’est ainsi que plus de 700 ouvrages seront exposés dans le pavillon de l’Espagne, sur 280 mètres carrés, dont un échantillon des ouvrages édités très récemment, c’est à dire 300 livres consacrés à des sujets très différents (récits, poésie, bande dessinée, théâtre, littérature pour les enfants et pour les jeunes, cinéma, livres d’Histoire, divulgation scientifique, tourisme, gastronomie, dictionnaires, livres de Beaux-arts, essais, livres ayant remporté les Prix Nationaux de 2018 ainsi que des ouvrages de la poète uruguayenne Ida Vitale, gagnante du Prix Cervantès 2018). Y seront exposés également quelques ouvrages des auteurs invités aux activités du programme espagnol « Le voyage des langues » et des ouvrages d’auteurs classiques comme par exemple Ibn Arabi, Muhyi l-Din, Ibn Hazm de Cordoue et Averroès. L’on y trouvera également un échantillon de livres espagnols dont la traduction en arabe a été effectuée sous le parrainage du Ministère.
LNT avec CdP