Un missile balistique intercontinental Yars RS-24 pendant le défilé militaire du 9 mai 2017 sur la place Rouge de Moscou © AFP/Archives Kirill KUDRYAVTSEV
Le Kremlin a réfuté vendredi vouloir se lancer dans une nouvelle « course aux armements » avec les Etats-Unis au lendemain d’un discours très ferme de Vladimir Poutine dans lequel il a vanté les nouvelles armes « invincibles » de la Russie.
En détaillant longuement lors de son discours annuel devant le Parlement les capacités technologiques des missiles développés par la Russie, le président russe a donné une tonalité belliciste aux tensions qui ne cessent de s’aggraver entre Moscou et Washington.
Cette démonstration de force porte un nouveau coup aux promesses de Donald Trump de réconcilier l’Amérique avec la Russie de Vladimir Poutine, déjà plombées par les accusations d’ingérence russe dans sa campagne.
Elle fait craindre surtout une nouvelle escalade rappelant la fin de la Guerre froide.
« La Russie n’a pas l’intention de se lancer dans une course aux armements », a affirmé aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, rejetant les accusations américaines.
« Nous démentons catégoriquement toutes les accusations selon lesquelles la Russie viole des dispositions et des articles du droit international sur le désarmement et le contrôle des armements », a affirmé M. Peskov.
« La Russie a été, est et sera contrainte par ses obligations internationales », a-t-il ajouté.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Donald Trump se sont pour leur part dits « inquiets », lors d’une conversation téléphonique, des déclarations de Vladimir Poutine qui précèdent de deux semaines l’élection présidentielle du 18 mars en Russie.
Le président russe a justifié le développement de ces nouvelles armes, qu’il a supervisé personnellement, comme une réponse à l’activité militaire des Etats-Unis, et notamment au déploiement de systèmes antimissiles en Europe de l’est et en Corée du Sud.
Il a ainsi présenté des nouveaux types de missiles de croisière avec une « portée illimitée » ou hypersoniques, des mini-submersibles à propulsion nucléaire ou encore une arme laser « dont il est trop tôt pour évoquer les détails ».
Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, les armes russes sont désormais capables de « surpasser tous les systèmes antimissiles existants ».
Washington a réagi en accusant Moscou de « violation directe » des traités internationaux signés par la Russie, dont le traité INF sur les armes nucléaires à portée intermédiaire, paraphé par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1987.
« Il ne s’agit que d’une réponse de la Russie au retrait des Etats-Unis de l’accord sur le système de défense antimissile et au processus très actif de développement d’un système antimissile global qui est à même de violer la parité stratégique et nucléaire et de neutraliser de fait les forces stratégiques russes », a indiqué M. Peskov vendredi.
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La Russie reproche en outre aux Etats-Unis leur nouvelle posture nucléaire, qualifiée de « belliqueuse » et « antirusse », qui vise notamment à doter Washington de nouvelles armes nucléaires de faible puissance.
Si Vladimir Poutine a assuré ne « menacer personne » et ne pas prévoir d' »utiliser ce potentiel de façon offensive », la diplomatie américaine a jugé que le président russe n’avait pas eu « une attitude digne d’un acteur mondial majeur ».
Mais au-delà de la condamnation diplomatique, les militaires américains ont affecté l’indifférence à l’égard de ces assertions du président russe.
« Ces armes sont en développement depuis très longtemps », a déclaré à la presse la porte-parole du Pentagone, Dana White. « Nous ne sommes pas surpris par cette déclaration et les Américains peuvent être sûrs que nous sommes pleinement préparés ».
D’ailleurs, la nouvelle stratégie nucléaire des Etats-Unis, publiée début février, « tenait compte » de ces armes russes, a-t-elle ajouté.
Signe supplémentaire des tensions entre les deux puissances, la Russie a annoncé vendredi avoir annulé des discussions stratégiques prévues en mars avec les Etats-Unis, qui fait lui même suite au retrait « inamical » de dernière minute d’une délégation américaine d’une réunion consacrée à la cybersécurité fin février.
Certains experts estiment néanmoins que les annonces militaristes de Vladimir Poutine s’adressent avant tout à un public intérieur avant la présidentielle du 18 mars qu’il est certain de remporter faute d’opposition réelle.
M. Poutine a ainsi promis lors du même discours jeudi d’améliorer le niveau de vie des Russes et diviser par deux le niveau de pauvreté « inacceptable » lors des six prochaines années.
LNT avec Afp