Les ministres russes Sergei Lavrov (G) et Sergei Shoigu (D) rencontrent l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura à Moscou, le 21 décembre 2017 © AFP Alexander NEMENOV
L’opposition syrienne et l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura ont appelé jeudi la Russie à oeuvrer en faveur d’un règlement politique au conflit syrien, au premier jour de pourparlers de paix à Astana entre le régime de Damas et les rebelles.
Ces négociations organisées à l’initiative de Moscou dans la capitale du Kazakhstan se sont ouvertes une semaine après l’échec de la réunion de Genève qui visait à trouver une issue politique au conflit syrien qui a fait plus de 340.000 morts en plus de six ans, maintenant que le régime de Bachar al-Assad, appuyé par l’armée russe, a repris l’avantage.
Parrainées par la Russie et l’Iran, alliés de Damas, et par la Turquie, soutien des rebelles, elles doivent déboucher vendredi sur une déclaration finale.
« Nous appelons la Russie, plus que jamais, à faire pression sur le régime en faveur d’un règlement politique » du conflit, a indiqué la délégation de l’opposition dans un communiqué distribué à la presse.
L’opposition a indiqué avoir pour objectif à Astana « la libération de tous les prisonniers, le renforcement du cessez-le-feu, en particulier dans les zones de désescalade, la levée des sièges de toutes les villes et les villages, et la délivrance d’une aide à ceux qui en ont besoin ».
Il s’agit du huitième round de négociations entre régime et rebelles à Astana, où le processus de paix se concentre sur les questions militaires et techniques et se déroule en parallèle à celui, politique et sous égide de l’ONU, de Genève.
Le dernier round, fin octobre, s’était achevé sur une proposition russe de réunir une trentaine de forces politiques syriennes de tous bords mais ce projet de « Congrès national syrien » ne s’est toujours pas concrétisé, bloquant notamment sur la participation des Kurdes qu’Ankara rejette.
« Aucune date » n’a pour l’instant été fixée, a répété jeudi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
« Il est temps de faire avancer le processus politique », a plaidé jeudi l’émissaire des Nations unies Staffan de Mistura, reçu jeudi à Moscou par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou avant de rejoindre vendredi les négociations d’Astana.
– ‘Intensifier les efforts’-
Le président Vladimir Poutine s’est de son côté entretenu par téléphone avec le roi Salmane d’Arabie saoudite, soutien des rebelles, pour évoquer « la nécessite d’intensifier les efforts pour atteindre un règlement politique », selon le Kremlin.
Jeudi matin, les émissaires du régime, menés par Bachar al-Jaafari, se sont entretenus dans la matinée avec la délégation iranienne, tandis que le Russes ont rencontré à part les Iraniens puis les Turcs, selon l’agence de presse officielle syrienne SANA.
Ces pourparlers se déroulent un peu plus d’une semaine après l’annonce par le président russe Vladimir Poutine du retrait d’une partie des troupes russes déployées sur le territoire syrien, où a été annoncée la « libération totale » du territoire de l’emprise de l’organisation jihadiste Etat islamique (EI).
Le rôle que l’ONU peut encore jouer dans le règlement du conflit syrien semble ainsi compromis alors que la Russie apparaît comme un acteur incontournable. Staffan de Mistura a demandé mardi au Conseil de sécurité des idées pour rédiger une Constitution et organiser des élections dans le pays.
Si Damas est prêt à accepter des élections sous la supervision de l’ONU, les négociations achoppent toujours sur le sort de Bachar al-Assad, le régime refusant d’évoquer l’éventualité de son départ comme le réclame l’opposition.
L’armée syrienne a enregistré ses victoires décisives ces deux dernières années, reprenant, grâce au soutien sans faille de l’aviation russe, la cité antique de Palmyre aux jihadistes de l’EI, brisant le siège de Deir Ezzor et chassant les rebelles de leur bastion d’Alep.
Les hostilités n’ont pas pour autant cessé en Syrie, dix-neuf civils ayant encore péri mercredi dans des frappes dans une localité tenue par les rebelles dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
LNT avec Afp